Histoire de Macédoine grecque, c'est pas des salades!

Pour la dernière partie de notre voyage en Grèce, nous marchons sur les traces du grand Alexandre. Ceci nous permet de remettre de l'ordre dans nos connaissances historiques et d'assurer nos arrières pour les prochains camemberts jaunes du trivial pursuit! Faut dire qu'en vrai, on avait quelques lacunes. 
Vous saviez qu'il était macédonien ? Qu' il y a une Macédoine en Grèce ? Que son tombeau est toujours introuvable ? Qu'il n'a connu aucune défaite? Qu'un mystère entoure la mort de Philippe son père. Son fils, le brave Alexandre aurait-il commandité l'assassinat de son père ? Qu'il était l'élève d'Aristote ? Qu'il est devenu pharaon ? Qu'à 30 ans il était à la tête du plus grand empire de l'Antiquité de la Grèce à  l'Hymalaya? Qu'il excellait aux échecs et avait le record du lancer de noyaux de cerises ?!

Bref on se régale à découvrir tout ça le long de notre chemin.
Un premier stop à Dion (Déception, pas de temple dédié à René, mais quelques restes de temple d'Artémis, de Zeus et du camp d'Alexandre au départ de sa conquête. Il semblerait que des centaines de bestiaux aient été offerts en sacrifice, en témoigne l'autel et les anneaux d'attache.
On est pas trop vieilles pierres, mais on s'émerveille tout de même devant la magnifique mosaïque de Dyonisos retrouvée récemment ici.
Joli buste et un peu plus...!


Le lenedemain on découvre le trésor du tombeau de Philippe de Macédoine, le père donc si vous avez suivi. Pas de photo à l'appui car la quantité d'objet en or qui se trouve là doit forcément être un peu convoitée. On passe en tout cas 2 agréables heures dans le tumulus qui abrite ces magnifiques tombeaux. Les portes massives en pierre qui sont dressées là nous donnent l'impression d'être à l'intérieur d'une pyramide. Bon on y a jamais été mais on se dit que c'est comme ça. Quelques tombeaux ont été pillés mais la pièce maîtresse est là. Des couronnes ornés d'une multitude de feuilles de chêne ( pas la salade hein) en or totalement intact, des boucliers en cuir qui ont résisté à 2000 ans d'histoire, des bijoux, des robes, bref de la folie ! On se prend à vouloir retrouver le tombeau d'Alex, ça doit être grandiose !

On continue notre route au travers les champs de tabac parfois avant ou après la récolte. On s'étonne, on imaginait pas que du tabac était cultivé si proche de chez nous. Le tabac se transforme en rizières à l'entrée de Thessalonique, et on est ravi d'avoir choisi les petits sentiers qui nous rappellent la Camargue plutôt que la voie rapide.




À Thessalonique nous sommes attendus par Vassili et Frosso (le voilà le 3eme Vassili rencontré dans notre havre de paix!) chez qui nous poserons nos bagages pas moins d'une semaine ! Merci à eux, ils nous laissent même leur chambre malgré notre insistance pour le salon. On apprécie beaucoup notre séjour ici, posé à discuter, à découvrir et à assouvir notre curiosité sur la Grèce. Frosso cuisine très bien et outre nos balades thessaloniciennes on prend grand plaisir à s'asseoir dans la cuisine autour d'un bon plat. Voyage, mythologie, recettes, traditions, vocabulaire, religion tout y passe même la poésie ! On contemple un instant le poème Ithaka ( traduit en français par Marguerite Yourcenar) pour les plus littéraires d'entre vous, on l'a glissé en bas de l'article. Vassili est notre "greek mama", on a même droit à un petit goûter quand on part en vadrouille !



Jarret de porc

Notre point de vue préféré

Les orthodoxes pratiquent le bisou sur les icônes



Le grand Alexandre




À Thessalonique on est en Thrace, et la Thrace elle existe aussi de l'autre côté de la frontière turque. On visite donc notre première mosquée, enfin ce qu'il en reste, ainsi que la maison d'enfance du fameux Atatürk. On a bien dit fameux, mais l'adjectif est faible et on ne le comprendra que mieux tout au long de notre voyage en Turquie. 
On vous dira plus, mais ce mec est un héros en terre otomane. Alexis surprend même une visiteuse turque verser une larme devant le panneau explicatif de sa mort! On apprend aussi beaucoup sur l'un des plus grands échanges de population de l'histoire en 1923 : 2 millions de personnes sont déplacées s'en pouvoir choisir leur destin. Pour la faire courte : 1ere guerre mondiale, l'Empire Ottoman se range du côté allemand, mauvais choix, la défaite de l'Allemagne signe la chute de l'Empire Ottoman, les alliés se partagent l'Empire. L'armée grecque qui nourrit depuis toujours l'idée d'une grande Grèce, occupe la partie ionienne de la Turquie. Le dernier Sultan est en déroute, c'est l'anarchie. Jeune révolutionnaire Atatürk emmène une armée qui repousse les Grecs et finit par créer la République actuelle de Turquie. Les Grecs vivant dans la frontière turque sont expulsés, de même pour les turques musulmans vivant en Thrace grecque. D'ailleurs c'est aussi à cette date que sera décidé le sort des Kurdes de l'Est du pays. Mais ce bazar c'est encore une autre histoire...









De Thessaloniki, on décide de retrouver la mer et de la suivre jusqu'en Chalcidique ( bon je reconnais, j'ai un peu insisté). C'est marrant dès qu'on dit à un Grec qu'on va en Chalcidiki, il nous fait la petite explication en montrant ses 3 plus grands doigts : "alors en Chalcidiki il y 3 jambes, la première Cassandra est celle de la fête, bars et boîtes en quantité sur les plages. La deuxième Sithonia est plus sauvage et belle, on choisira celle-là sans hésiter. La dernière, celle du Mont Athos est interdite aux femmes !!!" Et certains ajoutent à tout animal femelle, les scènes de reproduction animale étant également proscrites, non mais franchement. Cette péninsule est occupée par des communautés de moines orthodoxes qui ont leur propre État en quelque sorte, un Vatican orthodoxe en pleine nature. On se contentera donc de contempler le mont Athos depuis notre Paradise Beach. Magnifique.

À 4000, on chill! ( Après avoir exploré l'épave avec le masque et le tuba)



Notre Paradise beach sur fond de mont Athos...

...À l'accès difficile et miné de ... Crottes!

Années 70



Les joies d'un repas trappeur


Puis c'est la dernière ligne droite avant la Turquie. Notre route est ponctuée de charmantes villes tous les 50km dans lesquelles nous faisons étape. Kavala, son patrimoine Ottoman et son musée du tabac dont on retiendra surtout la bonne odeur. On repartira avec un savon au tabac gentiment offert par la personne à l'entrée. Xanthi et sa bonne cuisine et l'accueil de Marfie, archéologue. Komotini,ses multiples étudiants et ses pois chiches grillés. Alexandropouli et son phare ( étrange coïncidence) Le voile fait doucement son apparition et certains villages ont leur mosquée. On se rappellera bien du bivouac discretos à l'intérieur du campus de et Komotini et de l'incruste au Resto Universitaire où la nourriture est gratuite ! Ah les étudiants Erasmus trentenaires avec leur look de cyclotouriste allemand, on a pas la carte mais ça passe et ça nous fait marrer.



Pétanque explosive
Derniers préparatifs avant de quitter Marfie



Franck et Erica, la bonne rencontre du bord de la route qui se transforme en break de 3 jours avec fête dans la paillote de plage pour fêter la fin de l'été

Monastères flottants

Concours de mimes avec nos premiers cyclo croisés sur la route : 60 ans et beaucoup d'énergie



On croise aussi beaucoup de Bulgares en vacances, la frontière n'est pas loin. Un soir on campe vers des thermes désaffectés avec des sources chaudes, le pied après 120km de vélo ! La source est déjà occupé par un nudiste bulgare, qui s'est mis en tête d'apprendre à Alexis à me faire des massages. Plutôt étrange de se faire masser par un nudiste :) mais ça fait du bien à mes petites gambettes fatiguées.

Source chaude, avec nos copains de la nuit Bernard et Didier

Le petit dej ambiance Alice au pays des merveilles




 À Alexandropouli, on s'arrête chez un marchand de soie. On y reste un moment, il nous raconte plein d'histoires autour du cocon. On dit que dans les villages alentours chaque famille avait son petit élevage. La seule manière de le savoir est d'observer les mûriers dans les jardins destinés à nourrir les petits vers. On raconte que dans les familles modestes, les enfants n'avaient pas de chaussures, mais avaient des slips en soie maison !

On passe  notre avant dernière soirée en Europe sur la plage, avec 4 joyeux lurons qui finissent la journée au Raki et à la sardine crue. Ça tombe bien on a aussi la fin de notre épopée grecque à fêter !
La dernière soirée sera au calme dans la montagne, juste dérangé par une nuée de moustique. Réflexe 3.0, on passe nos derniers coup de fil illimités, demain on aura plus de forfait. Un autre voyage se profile, plus isolé, plus lointain, moins de repère. Ce passage de frontière nous fait cogiter. On le redoute car derrière c'est la totale inconnue, il nous attire car nous ouvre toujours plus les portes de l'Orient. Nous nous sentons pateaux d'ignorance sur la  religion musulmane, nous attendons avec impatience de faire tomber nos représentations. 
Alors que jusque là, nous étions un peu dubitatifs devant cette Europe à la merci des lobbying financiers, à ce moment précis nous nous sentons terriblement Européens...



*** Ithaka***

Quand tu partiras pour Ithaque, souhaite que le chemin soit long, riche en péripéties et en expériences. Ne crains ni les Lestrygons, ni les Cyclopes, ni la colère de Neptune. Tu ne verras rien de pareil sur ta route si  tes pensées restent hautes, si ton corps et ton âme ne se laissent effleurer que par des émotions sans bassesse. Tu ne rencontreras ni les Lestrygons, ni les Cyclopes, ni le farouche Neptune, si tu ne les portes pas en toi-même, si ton cœur ne les dresse pas devant toi.

Souhaite que le chemin soit long, que nombreux soient les matins d’été, où (avec quelles délices !) tu pénètreras dans des ports vus pour la première fois. Fais escale à des comptoirs phéniciens, et acquiers de belles marchandises : nacre et corail, ambre et ébène, et mille sortes d’entêtants parfums. Acquiers le plus possible de ces entêtants parfums. Visite de nombreuses cités égyptiennes, et instruis-toi avidement auprès de leurs sages.

Garde sans cesse Ithaque présente à ton esprit. Ton but final est d’y parvenir, mais n’écourte pas ton voyage : mieux vaut qu’il dure de longues années, et que tu abordes enfin dans ton île aux jours de ta vieillesse, riche de tout ce que tu as gagné en chemin, sans attendre qu’Ithaque t’enrichisse.

Ithaque t’a donné le beau voyage : sans elle, tu ne te serais pas mis en route. Elle n’a plus rien d’autre à te donner. Même si tu la trouves pauvre, Ithaque ne t’a pas trompé. Sage comme tu l’es devenu à la suite de tant d’expériences, tu as enfin compris ce que signifient les Ithaques.

D'après le poème de Constantin Cavafy, traduit du grec en prose par Marguerite Yourcenar

Commentaires

  1. Bonjour et heureux d'avoir de vos nouvelles, en espérant que vous avez passés un joyeux noel
    je vous envoi un autre message plus tard

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  2. bel article, la Grèce ça donne vraiment envie. Je reconnais bien le côté étudiant d'Alexis avec son très joli plat de spaghetti.
    Ne changez rien, faites attention à vous et vos montures.
    Grosses bises :)
    Alban

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    1. La Grece c'etait vraiment cool et de superbes routes avec pas mal de denivele, c'est un des pays ou l'on a fait le plus de denivele ! Une bonne destination velo !

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