Vacances persiques

Shiraz - île de Qeshm - île d'Ormuz, Iran // début février 2018

Une nouvelle expérience pour nous : après 7 mois de voyage en itinérance à vélo, 2 semaines de vacances en famille Lesage à Istanbul et 10 jours de vacances en Iran avec la famille Emmelin, nous tentons les vacances à 2 et sans vélo ! Nos 3 mois en Iran nous le permettent, on s'organise donc un périple, pas si reposant.

Nos vélos sont bien au chaud à Kashan sous la houlette de Aref, avec qui l'a communication n'est pas des plus facile. Le plan : partir en train jusqu'à Shiraz, visiter (enfin!) Persepolis, puis rejoindre l'île de Qeshm dans le golfe persique puis se rendre sur Ormuz, regagner Bandar Abbas et boucler la boucle en train jusqu'à Kashan.

Le départ se fait sur les chapeaux de rails puisque nous n'avons pas de billet et le train joue à guichet fermé. Le chef de bord nous fait un petit signe et hop nous sommes dans le wagon resto style Orient Express. Ni une ni deux, les regards se tournent vers nous et envient l'Alireza qui parle anglais et peut donc nous faire la conversation. Nous finissons par partager la table d'Alireza et son papa, qui nous offre très gentiment le repas. Le contrôleur nous dégote 2 couchettes libres ... dans le compartiment d'Alireza! Nous sommes aux petits soins, et pour nous faire plaisir Alireza sort son PC et nous propose un film en anglais, ça nous fait très très plaisir ! Le bonheur de se détendre dans un canap devant  un bon film fait partie des choses du quotidien qui nous manque un peu, alors on se sent vraiment en vacances. Bien sûr Alireza nous partagera son taxi et nous invitera à un bon petit déj dans sa famille. Il est 6h30 du matin, nous acceptons avec plaisir. Nous commençons à connaître l'hospitalité iranienne, et là c'est pas de refus, mais nous savons aussi qu'alors, Alireza nous proposera de dormir chez lui, de nous faire visiter la ville, de nous inviter à dîner au restaurant etc... Plutôt royal, mais nous avons décidé que pendant nos vacances, nous serions en vacances, libres de choisir où aller, quoi manger, sans devoir faire acte de présence sociale et avoir aussi un peu de temps tous les 2, autrement que sur un vélo. Nous prenons congé d'Alireza et ses parents bienveillants qui tiennent coûte que coûte à nous emmener au bus pour Persepolis.

Au fait Alireza est inventeur ! Il nous a montré plusieurs de ses inventions dont des chaussures chauffantes mais surtout l'appareil de plongée sans bouteilles, récupérant l'oxygène de l'eau pour en faire de l'air. Habile bill. Investisseurs, contactez-nous.

Direction Persepolis, enfin on fait durer le suspens en commençant par les magnifiques tombeaux achéménides de Darius et tralala creusés autour du 5eme siècle avant JC. Les bas reliefs sont magnifiques. La religion était alors zoroastrienne et les éléments naturels étant vénérés, les zoroastriens n'enterraient pas leurs morts pour ne pas souiller la terre, mais déposaient les corps en hauteur et laissaient les vautours faire le nettoyage, d'où les chambres en hauteur.

On passera une après midi entière à voyager dans le temps pour découvrir Persepolis et cette civilisation peu connue de 2 nos caboches. C'est momumental, on osculte les bas reliefs comme on lirait une bande dessinée.

On entreprend de rentrer en stop à Shiraz. La première voiture qui s'arrête est un guide passionné de Persepolis, pour prolonger le plaisir nous faisons donc une visite virtuelle bis sur le trajet du retour. L'empire Perse d'alors rassemblait des peuples ayant prêté allégeance à l'empereur, depuis la Bactriane ( Ouzbékistan), en passant par l'Égypte, la Cappadoce ( Turquie), l'Arménie, des Bulgares de Thrace, l'irak, l'Afghanistan jusqu'aux limites de l'hindus. Il semblerait que tous ces peuples cohabitent pacifiquement, et la fusion des savoirs et des compétences des nations rassemblées soit à l'origine de la grandeur de Persepolis.

on me voit - on me voit plus

 D'après notre guide, Darius ou Cyrius ou un autre achemenide aurait été le premier dans l'histoire de l'humanité à abolir l'esclavage et que la déclaration des droits de l'homme a été hautement inspirée de ces empereurs. Des tablettes ont été retrouvées, justifiant des femmes à des postes haut placé tels que chef de chantier avec des salaires supérieurs ou égaux à ceux des hommes!

Il semblerait que les Perses aient volontairement été discrets sur l'existence de Persepolis, à la différence de Suse et Babylone afin de la protéger. Vraisemblablement déserte la majeure partie de l'année, cette cité servait essentiellement aux immenses festivités de Norouz, nouvel an Perse fêté à l'équinoxe du printemps, et toujours fêté de nos jours en Iran et en Asie centrale ( nous avons hâte !). Chaque délégation venait rendre hommage au roi comme le montre les frisés sculptées, chargés de présents. Quand Alexandre le Grand ( toujours lui, décidément) incendia la ville, on raconte qu'il lui fallut 5000 chameaux et 100 000 mules pour transporter les trésors de Persepolis...

Nous profiterons encore une journée à Shiraz, où nous dénichons quelques petits cafés parfaits pour nos jours de vacances.

le jeu de devine ce que c'est

roooh encore un tchador

concert prive avec un beau musicien

Au temps ou l'Iran etait treeees grand!

cherchez les poitrines bavaroises

beau bazar

moment fort aupres du tombeau du venere poete Haffez. Les iraniens viennent se recueillir en lisant ses poemes 

La suite des vacances se passe en bus de nuit pour l'île de Queshm dans le golfe persique, que nous atteignons à l'heure du soleil. Il paraît qu'il n'y a pas vraiment de Police ici, et que les gens mènent une petite vie d'insulaires tranquilles. Pour nous qui arrivons du Nord de l'Iran, nous sentons clairement les nuances : les peaux se brunissent, les vêtements des femmes sont colorés, brodés et traditionnels et me rappelle un peu les tenues indiennes, tandis que les hommes arborent tenues blanches et légères de type djellaba et turbans, la musique à des consonnances arabisantes. Et effectivement, les Bandari, c'est ainsi que l'on appelle la minorité arabe habitant majoritairement dans les ports- bandar en farsi- forment 3% de la population iranienne.

J'allais oublier de vous parler des "burquas" que portent parfois les femmes. Chaque village a son design, mais celles en forme de grosse moustache de mexicain, nous aura beaucoup surpris. Parfois on a même l'impression que le masque est en métal ! Quand à cette tradition qui nous laisse interrogatif, certains nous dirons que c'est pour préserver la beauté des femmes, mais sur l'île d'Ormuz on prétend aussi que c'est pour se protéger du soleil - d'où ce grand pli sur le nez.

plus facile a prendre en peinture!

femme d'ormuz

pantalons colores

marche bandari

Nous entreprenons, avec succès, le tour de l'île en stop, et nous décernons par la même occasion à l'Iran le pays roi pour auto stoppeur occidentaux. Nous n'avons même pas besoin de tendre le pouce. Nous rencontrons ainsi quelques sympathiques Iraniens en vacances, ainsi que de superbes sites naturels tous plus minéraux les uns que les autres. D'ailleurs on est début février, mais il fait déjà bien chaud...

conversation de pepes

canyon de Chahkooh

on goutera l'eau du puit

coucher de soleil sur les mangroves

ambiance bivouac du desert avec visite du fenec

camion stop!

Boat terminal de Qeshm, c'est la cohue pour monter à bord, on se fait gratter dans tous les sens. Ils sont marrants les Iraniens, toujours plein de politesse et de courtoisie, sauf quand il s'agit de faire le queue! Alors là c'est la guerre, et tant pis si t'es étranger, t'as plus qu'à avoir de grosses épaules. Et quand bien même tu aurais de grosses épaules, la technique de gratte et d'apostropher le guichetier pour attirer son attention, ce que nous ne sommes pas en mesure de faire en farci. Heureusement un iranien remarque notre mine décontenancée, et nous finissons dans le bâteau. 

Ormuz, ce nom m'évoquait vaguement quelque chose, mais il y a de quoi, c'est un petit bijou que nous choisissons de visiter à pied sur 2 jours pour parcourir les 25 km. Inutile de vous dire que nos corps s'étant entièrement transformés pour un déplacement vélocipédique, le poids de sac de rando ne rend pas la randonnée facile ! Après une superbe balade vers des cascades de sel aux allures fantasmagoriques, nous prenons une "variante", nous marchons pendant plusieurs km dans un paysage totalement lunaire. Nous passons entre une multitude de crevasses de sel assez impressionnantes.

CHemin en croute de sel et crevasses

cascade de sel

statues valley

 À la tombée de la nuit, nous découvrons une paillote, le "café Robinson", Mehdi nous propose de nous laisser la clé ! C'est parfait pour passer la soirée le derrière vissé à des tronçons de palmiers éclairés à la lampe tempête à faire des jeux de société. La journée du lendemain s'annonce bien : vallée des statues, rainbow mountains, plage de sable rouge. Youpi on brave les interdits, on s'autorise un plouf dans le golfe persique, et même sans maillot, puisque celui-ci est resté avec les vélos !

ce n'est pas de la neige!

Rainbow valley

red beach

ca faisait longtemps qu'on avait pas vu de vert

preparation des filets pour la maree qui monte

Plus loin on aperçoit un troupeau de gazelles, on se demande bien comment elles arrivent à vivre sur une île aussi minérale. Le soir, alors que nous observons la belle et lente éclipse de lune (31 janvier), nous rencontrons 2 téhéranaises qui nous embarquent dans la visite insolite d'une grotte de sel de nuit. Pas bête, pas besoin d'être de jour pour visiter une grotte ! Le tuktuk nous bringuebale jusqu'à l'entrée. Nous devons ramper sur plusieurs dizaines de mètres, (ce qui n'est pas sans me rappeler les escapades nocturnes dans les catacombes parisiennes) et là, c'est un concentré de toutes les couleurs observées sur l'île. C'est magnifique !

propagande anti americaine

Grotte improbable

couleurs naturelles d'Ormuz

Le lendemain, on fait escale à Bandar Abas pour reprendre le train de Kashan qui est bien évidemment complet. On squatte à nouveau le wagon resto mais cette fois, Alexis n'a une couchette qu'à partir de 3h du matin. Un conseil avisé, réservez.

influence indienne et temple Hindou a Bandar, du temps de la compagnie des Indes

C'est bien les vacances !