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Erenhot ( frontière mongole) - Beijing - Langfang // Chine // Septembre - Octobre 2018


Chine
On ne voulait pas y aller.
On avait même pris soin, au départ de penser un itinéraire qui nous permettait de soigneusement l'éviter. Je crois qu'aujourd'hui, nous ne serions pas capable de nous rappeler pourquoi. La pollution? L'inexistence des droits de l'homme? Une industrie massive? Un pays démesurément peuplé? Une consommation excessive? Un gouvernement dictatorial flippant ? Des chantiers et du charbon? Sûrement un peu de tout ça. 
Mais le voyage a choisi de mettre la Chine au travers de notre route. Une belle opportunité de s'ouvrir à un pays qui ne nous attirait pas vraiment. Et après l'avoir contournée pendant 5 mois, voilà qu'on s'apprête à y entrer pour la deuxième fois!
Nous nous rendrons vite compte que nos aprioris étaient bien réels, certes, mais on s'applique à chercher les interstices, et nous avons la chance d'en trouver!

L'équivalent du petit bourg de Zamin Uud (côté mongol) est la ville démesurée d'Erenhot. Pour la première fois du voyage, nous remettons les pieds dans un pays que nous avons déjà visité en vélo. Pas d'excitation de la découverte du monde de derrière la frontière, mais une certaine tranquilité car nous avons déjà nos marques. C'est donc assez facilement que l'on serpente en ville, negocie une chambre d'hôtel et trouvons une cantine à notre goût. Nous sommes ravis de retrouver la cuisine chinoise, sa grande variété et ses nombreux légumes. Nous retrouvons avec le sourire les scooters et voiturettes électriques couleur bonbon qui nous donnent l'impression d'être au pays des jouets. Idem pour les statues de dinosaures dans les parcs et la nourriture sous vide dans les supermarchés qui ressemble à de la dînette. Jusque là, les villes chinoises que nous avons traversées sont très propres, plutôt tranquilles (loin de l'agitation qu'on aurait pu s'imaginer) et sont plus proches d'un parc d'attraction que d'un bourbier industriel.



Machine a pates en tenue : les pates tombent direct dans la casseroles!

A la frontiere chinoise...

on avait reperé un super lac sur la carte. On avait pas anticipé le chateau de la belle au bois dormant

On entreprend donc dans cet environnement d'acheter une carte SIM. Mais voilà qu'on se heurte à une injustice : les cartes SIM chinoises ne fonctionnent que pour les Chinois. Au guichet de China Télécom, on rencontre Martin (on a pas retenu son nom chinois) qui parle très bien anglais, appris dans les jeux vidéos. Il s'excuse de sentir le poisson, ce qui n'est pas faux. Il travaille à la poissonerie de ses parents et vient de finir ses etudes. Il se met en 4 pour nous aider et traduire ce que dit l'employée. Il va même jusqu'à chercher le vieux téléphone de son père pour qu'on puisse avoir une SIM!
Tant que Martin est là, on lui demande un cybercafé. Il nous accompagne dans une salle immense type cybercafé du futur : des écrans arrondis, sièges en cuirs, snacks, employés en patins à roulettes. Mais le gouvernement surveille ! Pour accéder à un ordinateur il faut s'authentifier avec une carte d'identité, chinoise bien sûr. Martin nous donnera la sienne. Pour fêter notre rencontre et autant de gentillesse, nous lui proposons de manger ensemble. Martin choisit une cantine du Sichuan connue pour sa cuisine épicée. Et ce sera diablement épicé! Martin nous apprend les bases chinoises à table: si pas de poubelle, on met les déchets par terre. Bah oui quoi, c'est plus sale sur la table! Les baguettes comme ça quand tu as fini. Une personne commande pour toute la table. Le riz, c'est pour si t'as encore faim. Les bruits sont plus qu'admis. Ne pas retourner le poisson.
Forts de ces conseils, nous prenons notre envol pour découvrir cette partie de la Chine à vélo. Nous traversons donc la region de la Mongolie intérieure, toujours peuplée par des Mongoles et des Hans. Mais ici, la steppe est barbelée et remplie de poteaux électriques. Peu de yourtes à l'horizon. Seul le vent froid de Sibérie qui nous pousse et nous rappelle la route de Oulanbator.

Martin

20 000!!! We did it 


20 000 km... Pour fêter celà, on cherche un hôtel un peu bling bling avec petit déj. C'est la Golden week, la semaine de vacances des Chinois, et on se régale à les observer faire des aller-venus dans l'hôtel. On cherche aussi un bon resto. Tiens une fondue chinoise, ils n'ont pas de vin mais on dégote une bouteille de JP Chenet à l'épicerie d'en bas. Parfait. Pour notre première fondue, Supian le patron nous explique tout pas à pas. Il finit à notre table, et à l'annonce de nos 20 000 km, nous offre l'intégralité du repas! Une énorme boîte de thé en plus, en prenant soin de bien nous indiquer le prix du cadeau qu'il nous fait, il semblerait que ça soit coutume.


2 jours en Chine et déjà 2 belles rencontres. On prie notre bonne étoile pour que cela continue. Après quelques jours sur les traces de Gengis Khan et ses troupes, la route s'élève un peu,les arbres apparaissent progressivement, et, après un petit col, le paysage s'ouvre sur un hameau de campagne avec des fermettes, potagers, champs, hangars et chiens de garde. Nous sommes au bout du monde, en Chine, mais avec les paysages de steppes et de yourtes que nous laissons derrière nous, ce petit village de sédentaires, boisé nous donne presque une impression de chez nous...

les derniers bergers des "steppes" au reveil avant les campagnes cultivées


Deja l'automne...

Nous nous engageons un peu tardivement dans une montée. Et le mercure chute plus vite que nous ne montons. Le jour baisse, il faut trouver un endroit pour planter la tente, mais nous sommes dans une gorge avec une autoroute au dessus de la tête. Impossible de trouver un endroit décent pour camper. Il y a un village à quelque km, on décide que ce sera notre solution. On demandera à quelqu'un où est ce que nous pouvons camper. On sait que ce n'est pas dans les coutumes chinoises d'accueillir des étrangers pour la nuit, mais vu la température qui fait on a quand même un petit espoir. Première mamie, au mot-mime "tente", barre son visage avec ses bras en X et tente se s'échapper rapidement. Deuxième tentative, une mère et son enfant au bras. Puis un petit attroupement. Ils sont de très bonne volonté mais on se rend compte que nous héberger ne leur vient juste pas à l'esprit. Le verdict tombe, on nous propose un genre de hangar communal, au bord de la route blindée de camion. On ne se permet pas de refuser, de toute façon il fait nuit, mais misère, c'est vraiment un spot nul puis on ne peut pas y faire du feu pour tenter de se réchauffer. Les villageois nous regardent monter la tente intrigués, puis vu le froid glacial qui s'installe rentrent dans leurs pénates. Le thermomètre avoisine déjà les -10°. On se réfugie dans le semblant d'épicerie, se demandant ce qui nous reste à faire. Alors on boit un thé en souriant aux quelques clients qui passent. Tiens celui-la vient pour la deuxième fois, échange 2 phrases avec l'épicier, et nous envoie un "let's go" qu'on saisit au vol. Au bout du village, toute une famille nous attend pour partager un repas. Nous les bénissons. Ils fêtent anniversaire et mariage, on trinque et on a même droit à du gâteau, et a l'ouverture du bouteille de Baiju, alcool fort maison qu'on ne dégaine que pour les invités de marque. Finalement on démonte la tente et les beaux-parents de notre bienfaiteur nous mettent carrément une chambre à disposition. C'est un beau moment. On sent qu'on a énormément de chance de pouvoir partager un peu de quotidien d'une famille paysanne chinoise et aussi d'être au chaud par les -10° qui courent. Réveil à 6h pour un petit déjeuner aux noodles avant le départ aux champs en âne.



Notre hangar 

Faire du vélo dans cette partie de la Chine, c'est à dire entre la Mongolie et Pékin, c'est pas forcément ce qu'il y a de mieux. Il y a beaucoup, beaucoup de camions qui aiment beaucoup beaucoup klaxonner. Les paysages n'ont pas grand chose de naturel, la mainmise de l'homme sur la nature est des moins discrète et notre capacité à communiquer est très limitée, même les gestes ne font pas consensus. Et puis si notre présence n'est pas anodine, la curiosité des gens qui nous entourent se limite parfois à des regards insistants ou est canalisée par des téléphones portables qui nous filment et nous photographient sans cesse à notre insue. Les quelques échanges que nous avons se jouent dans les petits resto que l'on fait le midi ou encore à l'épicerie pour les courses. Le vocabulaire de la nourriture constituera l'essentiel de notre chinois. Pour les autres rencontres, on s'en rappelle et on vous les raconte !
Il y a ainsi, tout proche de la grande muraille, la fois où on désespère de trouver un resto. On passe devant une maison avec quelques tablées. On demande si c'est un resto, non, mais pas de problème venez manger !

foret en ligne
qu'est ce que c'est que ce tas?


C'est la muraille de Chine!


À Pékin, nous serons hébergé chez un warmshower dont le pseudo est Donald Trump. On se demande quel genre de bonhomme et d'humour se cache derrière ce nom tapageur. On est pas déçu, Yu est pour le moins original. Il a 23 vélos et une tonne de matos technique du télescope au drone dans un appart en capharnaum, parle anglais comme la voix synthétique du GPS, et a une sociabilité plutot numérique. Mais on arrive à discuter et à découvrir certains aspects de la Chine. Et puis, Yu n'a pas besoin de travailler, il fait parti de ces Chinois qui vivent de l'immobilier, quand le gouvernement a décidé de donner les logements de la période communiste à leurs occupants. Alors il a plein de temps pour faire des activités et nous en faire profiter. Il nous partage aussi son réseau ce qui nous permet de faire la connaissance de Li Hayan et de ses parents à Langfang au sud de Pékin. Nous passerons une merveilleuse soirée dans un petit appartement à cuisiner des dumpling puis à aller danser avec Liu la maman sur le parking d'à côté.

experience insolite aux bains public avec Yu

Soiree dumpling

et danse de salon dans le parking


Pour ce qui est du tourisme et des vieilles pierres, ça manque beaucoup d'authenticité à nos yeux. Pourtant dans cet environnement de Disneyland probant, on trouve quelques pepites bien dans leur jus. À la première étape à la muraille de Chine de Badaling, très bien restaurée et fréquentée nous préférons aller chercher une belle portion perdue dans les châtaigniers qui n'a pas été refaite, et ça vaut vraiment le coup. On trouvera chouette aussi le village de Zhoujiao, qui même en servant de décor de ciné a toujours son âme et ses vielles maisons.

Embouteillage sur la muraille

la muraille qu'on aime

nouvelles pierres

versus vieilles pierres

et vieux pépés

comme on aime


Gastronomiquement parlant, ça a beau être gras et plein de poudre de perlinpinpin la Chine nous comble. Chaque midi, c'est une nouvelle découverte, tandis que le soir nous cuisinons des légumes connus et inconnus en abondance. Excitant après notre régime ovin d'Asie centrale! Et puis Pékin, nous offre une soirée mémorable au Café de la Poste avec du pastis et nous nous ferons un petit plaisir d'expat dans un resto français proche de l'Alliance française.


Ca c'est juste pour la photo, en vrai on a vu jamais personne en manger


Ça c'était les petits moments de bonheur dans l'immensité chinoise. Mais il y a beaucoup de moments qui nous ont laissé perplexes. Comme notre arrivée à Pékin pendant un pic de pollution. Un taux de particules fines PM2,5 à plus 150microgramme/m³ quand en Europe on considère 20 comme limite saine. Et encore il paraît que ça a vraiment progressé, qu'il y a 2 ou 3 ans les mesures indiquaient 500, la limite de la capacité du capteur... Concrètement, on ne voyait pas l'immeuble de l'autre côté de la rue, simplement les fenêtres éclairées comme suspendues dans une brume sale. Alors qu'on quitte Pékin, c'est tous nos sens qui sont agressés, la peau nous pique, le spectacle à nos yeux est gris et triste, l'odeur est à l'industrie chimique et notre gorge tente de se défaire de la poussière. Il nous reste que l'ouïe bercée par les klaxons. Fini les couleurs et les ballons, ici c'est plutôt le monde du train de la mine.

belle vue polluée sur la cité interdite, port du masque deprimant

Nous restons perplexes devant le nombre et la taille des villes et la masse de Chinois en particulier dans les endroits touristiques. On se rappellera de l'embouteillage humain sur la muraille de Chine et cette stratégie que les Chinois semblent mettre en place pour survivre dans cette masse: imaginer que l'on est tout seul. Ce qui donne des bruits corporels en tout genre, une capacité à faire abstraction de son environnement ou une conduite plutôt dangereuse. Pour la conduite, cette stratégie est peut être à revoir au vu du nombre d'accidents! 
Enfin nous nous sommes un peu inquieté de l'impact de la technologie sur les nouvelles générations, se demandant si on avait ici une vision de notre futur. Dans le métro, il est difficile de trouver une personne qui n'est pas sur son tel. Au resto, pas vraiment d'interaction entre les convives absorbés par leur écrans. Le téléphone pour payer, pour débloquer un velib, pour s'orienter, pour échanger, pour traduire, s'identifier etc...Jusqu'au vendeur ambulant qui fait payer le contenu de sa brouette grace à un QRcode...! Un véritable prolongement de notre main. Qui ne facilite pas nos interactions, car beaucoup préférerons interposer le téléphone en traducteur plutôt que d'échanger par geste ou autres.
Enfin entre autre, le traitement de la population Ouigour par les autorités nous désespère.


sur le site des plus anciens bouddhas de Chine


Mais pour finir sur un sujet plus léger, citons ces mystères qui resteront des mystères, à moins que vous ayez la réponse !

* Aux alentours de Datong, énorme cité industrielle et charbonnière où nous découvrons avec stupeur nos premiers quartiers d'immeubles de 30 étages clonés par centaine, quelques chose me pique à l'arrière de la selle dans le gras du fessier. Je cherche une épine, mais je la trouve pas. Lorsque je descends de la selle, la piqûre disparaît mais après quelques mètres, ce reprend de plus belle. J'avais noté que les lignes haute tension étaient bien basses, et après quelques observations, je remarque que lorsque nous passons en dessous des lignes électriques, je me prends des décharges dans le derrière ! Nom d'une pipe!

Datong

*Bivouac à l'arrière d'un village au milieu de grands champs. Il y a un bosquet d'arbres, seul endroit où nous pouvons être un peu discret et où la terre n'est pas cultivée. Ce n'est pas le top, même plutôt moyen. Une fois la nuit tombé, alors que nous finissons de manger à la frontale, nous remarquons de puissants faisceau de lumière à l'horizon. Ils avancent méthodiquement en balayant un coup à droite, un coup à gauche, et la file ne cesse de s'allonger. Étrange. Pas très rassurant et comme les champs sont évidement vides, on se demande rapidement si ce n'est pas pour nous... Ce ballet nocturne se dirige vers nous tout en quadrillant les champs. On distingue maintenant des motos, et des gros projecteurs fixés sur les casques. Il semble aussi y avoir des chiens. Chasse? Vu l'environnement il ne doit pas y avoir beaucoup de gibier. C'est impossible  qu'ils ne nous aient pas vu. 2 motos s'écartent de la ligne et coupent à travers champ droit sur nous, ralentissent et... passent leur chemin ! À 2 autres reprises nous ferons des rencontres nocturnes de motards éclairés à proximité des champs sans comprendre pourquoi !

*Une autre fois alors que nous quittons la route principale pour chercher un coin pour la tente, nos 2 compteurs se détraquent simultanément jusqu'à afficher 0 km/h alors que nous roulons. Après quelques minutes, alors que nous devons probablement nous éloigner de la "zone 51" chinoise, nos compteurs redémarrent normalement. Au même endroit le lendemain, le phénomène se reproduit...

Mystères ..!




extremités de canard laqué

temple du ciel


en centre ville de Pekin


pragmatisme

pause concombre

A quand cet equipement pour nos gardiens de la paix?

perche meme pas encombrante

nature bien faite

bois immitation bois





encore et toujours admiré


Commentaires

  1. J'adore vos commentaires..toujours très vivants...on s'y croirait ! Grand merci pour nous faire partager toutes vos émotions ....Keep going ...Grosses bises du Tonton bientôt en partance pour l'Inde du 3 au 18 Mars

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    1. Enjoy l'Inde ! Et a bientôt en France dans quelques mois maintenant ! Bises

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  2. Merci encore pour toutes vos péripéties, très vivantes et parfois mystérieuses en effet!!! Gros bisous à tous les 2!!!

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    1. Contents de les partager avec vous depuis la Corée ! Bises

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  3. Bonjour mon Alexis !
    Avec le décalage horaire, je vais sans doute être un peu en retard ....
    ( bien que nous soyons encore le 2 Mars à Noisy le Grand ! )
    mais de tout coeur, je souhaite

    💐🍀
    🌹🍾 UN TRES JOYEUX ANNIVERSAIRE ! 🍷🍰
    🎸🚵

    C'est toujours un grand bonheur d'avoir des nouvelles
    de toi et de Gaëlle
    par votre blog endiablé " En selle et bretelles" !
    Lydie et François sont revenus enchantés de leur périple au Japon
    en votre compagnie et grâce à votre super organisation

    Bonne continuation !

    A bientôt, le plaisir de vous revoir vos frimousses réjouies, cet été !

    Grosses bises tendres à toi et à partager avec Gaëlle

    Tonton Jean ...au taquet ....
    ( à préparer mon départ pour l'Inde demain soir avec retour le 19 Mars )

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    1. Merci tonton pour ton message !
      Bon voyage a toi en Inde, enjoy comme on dit !
      Grosses bises.
      A bientôt

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    2. Vous aviez l'air un peu constipé pour les 20000km :)
      C'est vrai que la Chine c'est particulier .
      Nous on avait adore, mais en coupant plein centre, loin des trop grosses villes .
      Et pas en vélo aussi

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    3. Ouais la Chine, c'est pas le meilleur endroit pour des spots camping de rêve, entre champs et villes,, même a la campagne tu sens bien l'empreinte de l'homme ! Pour les 30000 pas sûr qu'on soit plus relax, la pression monte ;-)

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