Instants Nippons : premières heures épiques

Osaka, Japon // Mi-novembre 2018

Depuis les planisphères de nos appartements parisiens, nous nous étions dit "allons loin par la terre" et nos regards s'approchant de la bordure droite du poster "le Japon nous intrigue, et la route qui y mène nous attire". Puis au fil des km, comme un but aussi lointain que possible, à nous de répondre avec un grand sourire à la question "Où allez-vous?" 

" Au Japon !"

Et voilà que nous y sommes. Et nous nous demandions bien ce que ça nous ferait d'y arriver en fin. Et bien detrompez-vous, ça ne nous fait rien! Bien qu'un objectif longtemps cité, en aucun cas nous n'avons l'impression d'être arrivé au bout de quelque chose. Finalement le Japon ce n'est pas une destination mais juste une partie d'un beau voyage qui est loin d'être fini. Alors oui, dans la belle parenthèse que nous a offert le bateau, nous étions plutôt excités à l'idée de débarquer dans l'archipel japonais, mais ni vide ni accomplissement dans nos premiers moments ici.


Le port d'Osaka nous semble immense et plutôt prévu pour le trafic de containers que de passagers. En regardant mieux les cartes hors-lignes de nos téléphones, nous remarquons que nous avons débarqués sur un îlot artificiel vu son contour et que les 2 ponts qui le relient à l'île de Honshu semblent être autoroutiers. C'est que l'on n'est pas encore formaté à l'esprit japonais. On voit un ou deux vélos rouillés qui traînent, ils sont bien arrivés ici par quelque part. On choisit un des 2 ponts de la carte. En s'approchant, on réalise qu'il est sacrement gros, normal il est marqué autoroutier. Mais après avoir roulé de la France à la Chine, on sait qu'en terme de code de la route, tout est possible. Après tout l'autoroute chinoise à vélo on a déjà donné, tout comme l'escorte par les véhicules de patrouille dans les tunnels turcs. Ce n'est pas ce pont qui nous fait hésiter et puis sur la route, il faut se décider vite. On passe outre le panneau "interdit scooter", on vise la cabane de péage en haut de la voie d'accès au pont en sens unique. De toute manière, on ne croise aucun piéton dans cette zone industrielle à qui demander notre route. On pense gentiment que la personne au péage nous indiquera comment nous sortir d'ici ou au mieux nous laissera passer, pourquoi pas avec une escorte tant qu'on y est. Et puis on n'a pas le choix, pour quitter l'ilot, il faut prendre un pont.
On a pas le temps d'arriver au péage, qu'un petit bonhomme en casque-combinaison fonce sur Alexis en gesticulant. On a pas encore vraiment les bases de japonais, mais il finit par nous sortir d'on ne sait où un "I will patrol you". Bon ben parfait, nous voilà sorti d'affaire, il va appeler la patrouille d'autoroute qui va nous aider. Celle-ci arrive girophare allumé mais silencieux. Combinaison-casque de chantier, un jeune arrive plutôt souriant, on prend le temps de communiquer par téléphone interposé. On comprend de ne pas nous inquiéter, on nous fait nous ranger derrière la barrière de péage, et nous dit d'attendre ici son chef, nous semble-t-il. 10, 20, 30 minutes, ça commence à faire long. Ça caille et on a faim, alors on ouvre les saccoches et on se fait un petit café, ce qui laisse le temps à une belle voiture de police d'arriver. Combinaison bleue, casque de chantier, on se dit qu'on va bientôt décoller.

Googletranslate : ne pas rouler sur l'autoroute
Nous : OK, comment pouvons-nous sortir d'ici?
Police sans Google : passport (tiens on comprend) 

5,10,15 minutes...

Googletranslate : vous ne devez pas payer
Nous : ben oui, non, 'fin ?
Googletranslate : il ne faut pas recommencer (pendant que le flic assistant est à 4 pattes sous nos vélos pour relever les numéros de série)
Nous : ben justement on n'a pas encore commencé...
Googletranslate : signez le papier.

Nous venons donc de promettre à la justice japonaise de ne plus recommencer de rouler sur l'autoroute (!) Monsieur l'agent, nous n'avons pas franchi le péage, mais on laisse tomber. Ils finissent quand même par nous pointer vaguement une direction pour sortir d'ici, puis se mettent en travers de la voie d'accès à sens unique pour nous libérer enfin. Voilà 2 h que nous sommes arrivés.

Le fin mot de l'histoire : Sous le 2eme pont se trouve un autre pont non-autoroutier dissimulé sur notre carte par le pont supérieur. Au Japon, on pense en hauteur et en étage !  Nous n'étions pas encore adapté. Malgré 48h de bateau, notre arrivée se fait sans transition, archipel oblige. Pas de no man's land ou de peuple s'étalant au delà des frontières. Le Japon, (tout comme la Chine) ne s'imbrique pas dans la continuité de notre route.
Nous sommes très vite frappés par la sensation de calme dans une ville pourtant interminable. Par la distinction de ces hommes et femmes sortant du travail. Par l'atmosphère appaisée. Par l'absence de bouchons. Par le nombre de joggers et de cyclistes très sérieux. Par l'articulation sans faille de chaque mouvement urbain. 
On se rend bien compte que l'on dénote, qu'on va devoir planter la tente en ville sûrement en bordure de rivière, que peut être ça dérangera mais qu'en même temps personne de nous dira rien. Avant d'aller camper, nous nous offrons une balade dans un supermarché. On adore les supermarchés. À travers les produits et les étalages, on essaie de saisir un petit bout de la culture locale et de se faire une idée du niveau de vie. On découvre comme des enfants des produits à allure inconnue et au packaging indéchiffrable. Puis vers 20h, on assiste à la valse des étiquettes. Un employé pousse un petit chariot et vient décoter les produits frais: après quelques heures les sushis et autres délices crus perdent 20 ou 30%. Ce soir c'est festin!


Et puisque on ouvre le sujet de la nourriture, voilà quelques clichés d'étalages de marché. C'est aussi un hommage à la cuisine japonaise, simple raffinée et pleine de saveur. Mais nous sommes d'accord sur un point : pour les gloutons que nous sommes, y'en a jamais assez!





Bœuf de Kobe?


Ce qu'on adore c'est les aliments factices

Thon



Yatai : Resto-Chariot de rue, ambiance et cuisine delicieuse

Pour une fois, y'a ce qui faut en salade de chou
Les sushis tapis-roulant et leur pile d'asiettes





Hotpot avec les copains

Mais ce qu'on préfère, c'est le ravito "bien de chez nous" ramené par les copains!



Commentaires

  1. il y a un proverbe qui dit plus joliment que que moi : l'important dans le voyage ce n'est pas le but, mais la route, le voyage lui -même... vous l'avez expérimenté de bien belle manière... et vous continuez ! bisous

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