Plus près de Dieu, sommet des Dieux

On s'approche de notre nouvel objectif : les Météores, curieux monastères logés en haut de pitons rocheux, les photos parlent d'elles-mêmes.

On les découvre d'abord de loin, depuis un spot bivouac recommandé par Vassilis, notre bienfaiteur de nouilles chinoises du dernier article. Vassilis connait le coin comme sa poche et est plein de bons conseils. Ce soir on plante donc la tente sur la colline d'un camp militaire désaffecté... Avec vue, sur les Météores ! Propre.

Obélısque, centre des Météores

On se laisse la journée du lendemain pour faire la tournée des monastères. Il y en aurait eu plus d'une vingtaine, mais aujourd'hui seulement 6 sont occupés et se visitent. Difficile d'imaginer une vie monastique quand on voit le flot de touristes affublés de perche à selfies. Pourtant des communautés continuent de vivre ici dans des conditions un peu moins rudes qu'il n'y a finalement pas si longtemps. Fini les filets pour se faire hisser jusqu'au monastère, il y a même parfois des téléphériques !

Treuil à moines, on repere le fılet au fond

On apercevra donc quelques moines qui s'affairent deci delà ou essayant de faire respecter les consignes aux troupeaux de touristes dont nous faisons partie. Règles parfois strictes : les femmes doivent porter jupes longues (pas de pantalons!) tandis que les hommes n'auront pas toujours droit aux shorts et manches courtes. Mais pas de soucis, le déguisement est fourni!

Cellule

On raconte que devant la beauté de ces lieux, des moines auraient construit ici leur refuge pour être plus près de Dieu. On les soupçonne d'être une confrérie de moines-grimpeurs pour s'être perchés ainsi, car on a beau retourner le truc dans tous les sens, mais pour faire de la maçonnerie là-haut, faut faire au moins du 6b! D'ailleurs en grec, Meteora signifierait "suspendu dans les airs".

Tout est bien rangé!

Test de confort

grottes d'ermites ascètes

Un des monastères a accueilli le tournage d'un James Bond, à vous de retrouver lequel.
On est fatigué de la quantité de touristes mais contents d'avoir découvert cet endroit mystérieux. Petit tuyau : venir les visiter en hivers, ça doit être vraiment génial avec de la neige et la cohue en moins. Pour terminer cette belle journée, on découvre un super endroit pour camper, au coeur des Météores. Nikolas, un danois au hamac aura été aussi inspiré que nous, et nous partageons une bonne soirée. 

Sur les bons conseils de Lise, notre prochaine destination sera le sommet de la Grèce : le mont Olympe que nous rejoindrons en 3 jours de vélo.
Le route pour y parvenir est bien chouette, plus que ce que l'on attendait. On découvre une région peut-être un peu oubliée (des circuits touristiques en tout cas, c'est sûr) qui nous offre des routes calmes et sinueuses, un chapelet de villages pleins de charme avec leur lots de vieux qui s'égosillent d'un joyeux "Yassas" quand on les croise. Un mélange de météores-campagne-montagne qui nous va très très bien.
Chaque village a son platane, beau et central, repère de pépés qui boivent leur café. On se souviendra justement de celui de Platania, qui nous fit un peu d'ombre pendant les cours de vocabulaire de Toli. Pas facile la leçon de grec !

Le lendemain, alors que le ciel tire sur le gris, nous nous arrêtons sur la place du village de Vlackogiani, où se trouve une épicerie. Le village est plutôt calme. Vu les nuages qui arrivent, ce n'est pas trop étonnant. Trois hommes sont assis à un café et commencent à nous héler de loin ( je pourrais dire "beugler"). On ne sait pas trop s'ils se moquent de nous et on a pas trop envie de s'approcher. Devant leur insistance, c'est difficile de les snober, puis c'est pas trop notre genre. Ils nous font assoir et s'empressent de nous amener un verre. A ce moment là, le déluge, on se retrouve donc coincé là pour un petit moment. S'en suit un défilé de petit plats. On est quand même pas sûr d'avoir bien compris s'ils nous poussent à la conso ou si c'est cadeau, c'est un peu gênant !
On finira par comprendre que l'un des 3 compères vient de gagner une petite somme au loto, et qu'ils sont en train d'arroser ça, et que c'est avec grand plaisir qu'il nous offre le resto. Il veut vraiment qu'on se rappelle du nom de son village Vlackogiani, qu'on en parle et en dise du bien. Ce sera chose faite, nous nous rappellerons sans problème du nom de Vlackogiani. Mais ironie du sort, dans l'histoire, on ne connaitra jamais celui de notre bienfaiteur..!

On se rapproche tranquillement de l'Olympe sans pour autant que celui-ci ne se dévoile, drapé d'un épais brouillard. Zeus ne doit pas être d'humeur, pourtant nous avons prévu de lui rendre visite. Cette fois-ci, nous choisissons comme camp de base avant l'ascension un AirBnb. Après tant de nuit de camping, nous nous offrons un petit lit et une cuisine aménagée ! Le luxe!
Au programme : grasse mat, brunch maison, balade dans la ville pour faire les courses pour la rando ( cette fois, il y a plein de supermarchés !), Préparation de 2 jours de picnic. Et cette fois, hors de question d'avoir la dalle, on varie les menus et on profite du four : quiche, cake aux légumes, gâteau au poires (c'est qu'on en a 5 kg à écouler).
Comme à chaque début de rando, le plan est bien ficelé et la météo est au beau fixe. Sauf que... Le four fait péter les plombs à plusieurs reprises, que le proprio donne des heures de conduite et n'est donc pas dispo, que sa femme ne parle pas du tout anglais, que finalement le réparateur arrive, et que mine de rien, un cake c'est long a cuire... Départ de la rando 16h, alors que 1600m de dénivelé nous attendent pour la première étape. Chapeau Gaëlle et Alexis, on va encore se flinguer les mollets !
Au final, on a quand même la caisse et les jours sont longs, on arrivera où on voulait juste à la nuit. D'ailleurs la balade à la tombée du jour dans le canyon d'Enipea est magnifique. En même temps, c'est normal, c'est la rivière qui descend du sommet des Dieux. Des cascades de-ci de-là, des rochers, de la végétation luxuriante, une église dans une grotte avec sa source, et la vue vers la mer.

Tom et Bobby, copains de route

au fond l'Olympe, là où on va!

Le lendemain, nous devons d'abord marcher jusqu'au refuge A, puis monter jusqu'à Skala. l'Olympe se compose en fait de plusieurs sommets dont le plus haut est Mytika, qui culmine à plus de 2900m. De là, la vue sur le sommet Mytika est superbe. D'ailleurs nombreux sont ceux qui s'arrêtent là, les dernières dizaines de mètres pour le sommet sont un peu vertigineuses, avec quelques petits pas de grimpe. On est ravi de se lancer là-dedans pour aller titiller Zeus et sa clique. Après la lecture de l'Illiade, nous sommes curieux de voir à quoi ça ressemble ! Nous décidons de redescendre par le couloir de Louki, afin de faire une boucle. C'est hyper raide, mais ça ressemble à un escalier géant. On prend notre temps pour ce passage semi Alpi. En tout cas on en prend plein la vue, et on est pas déçu de notre choix. On apprendra ensuite que ce couloir est surnommé par les grecs, la descente "le cul par terre". Effectivement, ça peut être une technique ;)

Chemin qui mene à Skala

un flechage evident...

... un passage qui l'est moins!

Certains s'arretent là

Olé!

couloir de Louki

Byebye Mytika

Ptit dej panoramique

On repartira sur 2 jours, les 2800 m de descente qu'il nous reste. C'est à dire, qu'avec nos cuisses de cyclistes, les descentes ça tire. C'est comme si pendant 4 mois, nous étions allés 4 h par jour à la salle de muscu pousser 40 kg de fonte avec nos gambettes (15kg de vélo et 25 de bagages, sans compter notre propre poids), on est pas prêt de ressembler à Killian Jornet!
On termine cette très belle rando non pas par 2 mais par 4 Giros (ce qu'on appelle les grecs chez nous) Nom de Zeus!