Instants Nippons : Cargo pour Osaka

Shanghai, Chine - Osaka, Japon // 48h par la mer // mi-novembre 2018

Avril 2019, à bord du transsiberien entre Vladivostock et le lac Baikal. Prise de conscience, je date le dernier article que l'on vient de rédiger : Novembre 2018. Un delta de 5 mois certes, mais chaque jour est encore frais dans nos esprits. Depuis que nous avons quitté l'archipel, nous sommes tout entier tournés vers le retour, physiquement et mentalement, et la perspective de bientôt vous revoir nous rend paradoxalement plutôt économe en communication pour la France.

3 jours et 3 nuits bercés par le défilement des bouleaux et le frottement du wagon n°15 sur les rails sibériennes, nous ouvre la possibilité de vous raconter le Japon. Faut dire que chez les mangeurs de grenouilles certains s'impatientent et on nous souffle dans l'oreillette "plus court, ce sera plus facile à vous y mettre!". Oui mais on ne voudrait pas être superficiel, alors on tente un nouveau format : une sélection de moments choisis pour tenter de refléter nos 3 mois japonais, au cœur de l'hiver. 

*** Cargo pour Osaka ***

Comme elle est agréable cette sortie de Shanghai en format de croisière. La dernière vue sur les gratte-ciels de Pudong est magnifique. Et une fois l'embouchure de la Huangpu derrière nous, et la mer de Chine à perte de vue, nous prenons nos quartiers et découvrons un bateau plutôt récent à 4 ponts, surdimensionné pour les quelques 70 passagers que nous sommes. La compagnie sino-japonaise a aménagé une partie "passagers" sur ses porte-containers qui assurent coûte-que-coûte la liason hebdomadaire Shanghai-Osaka.




Devant nous 48h de traversée, une cabine japanese-style partagée avec un couple d'étudiants chinois à Osaka pour nous acclimater, une expat mexicaine à Shanghai qui partagera une bonne bouteille de rouge et Suzuki-san un Japonais de 70 ans vivant à Paris depuis 40 ans. Dans cet espace de vie restreint, nous prenons nos habitudes et on se délecte du rythme de cette grosse coquille qui effectue en 48h et en autarcie, ce qu'un avion parcourt en 2. Et c'est ça qui est bon! Le ferry, encore un beau moyen de voyager qui permet d'échapper au tourbillon goulu du temps qui absorbe notre société toute entière. D'ailleurs Suzuki-san, qui est un habitué de cette ligne nous éclaire : "c'est un grand moment de détente pour moi" où la vie à bord se réorganise simplement autour des moments de repas et de sommeil, où la mer inspire les poètes, où la houle endort les ivrognes, et où nous vivons pleinement les rencontres.



Une entrée en matière idéale pour préparer en douceur notre arrivée au point le plus oriental de notre voyage et qui impliquera fatalement un chemin du retour. Et avant que la houle s'amplifiant, nous envoie à notre tatami, Suzuki-san aiguise notre curiosité. Qui de mieux que lui avec ses origines nippones mais ses yeux devenus occidentaux pour tenter de dépeindre adroitement une société des plus complexes. C'est bien mieux qu'un guide de voyage alors on ouvre grand nos écoutilles et nous relançons sans nous lasser les discussions.

Suzuki-san nous parle longuement de l'atmosphère ou plutôt de l'harmonie que les Japonais s'évertuent continuellement à maintenir en équilibre dans un vivre-ensemble truffé de codes et de non-dits. Complexe, c'est bien le mot, et depuis la mer, nous nous demandons bien comment le Japon va s'intercaler dans notre voyage à vélo ou plutôt comment nous allons intercaler notre voyage à vélo dans la vie japonaise.

Nous avons 48h pour discerter et rendre notre copie, les résultats sont dans 3 mois!

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